Cinéma > Harry Potter et les reliques de la mort, Première partie, de David Yates

Publié le par Les Cactus, qui s'y frotte critique.

*StarCactus* : tomber sous le charme ///

 

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     Beaucoup d'entre nous auront oublié que le premier tome des aventures du jeune wizard est paru en 1997, 1998 en France. Il a fallu attendre le 21 juillet 2007 pour que nos petits doigts empressés parcourent frénétiquement les pages des Deathly Hallows et découvrent les secrets contenus par ces "reliques de la mort". Et trois années de plus pour que cette dernière aventure soit mise en scène au cinéma. Annoncé comme le blockbuster de l'année, l'événement cinématographique d'une génération, ce début de la fin est plein de promesses. Mais David Yates, déjà réalisateur des cinquième et sixième opus, semble avoir enfin déterminé l'alchimie parfaite pour produire une adaptation de très grande qualité. Rideau !

     Harry Potter a décidé qu'il ne retournerait pas à Poudlard : la mort du professeur Dumbledore et la découverte de la puissance du mage Voldemort décide le trio mythique à s'enfuir dans les contrées anglaises pour trouver et détruire les Horcruxes. Paralèllement (comme quoi les intuitions n'sont pas si bêtes), le monde de la magie est en grande détresse. Les Mangemorts renversent le ministère, dont la principale occupation est désormais de traquer les sorciers nés de parents moldus et de couvrir les meurtres perpétrés par la  macabre bande du Lord.

 

     Bien que l'on sache que l'atmosphère va encore s'assombrir, cette détresse est perceptible dès le début du film. L'ouverture, qui tranche avec celle des précédents opus, voit une des quelques scènes imaginées par le réalisateur. Profondément émouvante, elle n'est que suggérée dans le livre de J.K. Rowling. Le film commence en effet dans la chambre d'Hermione, chez ses parents. Visiblement en souffrance, elle rejoint néanmoins ses parents et, avec détermination, pointe sur eux sa baguette. Sur fond d'une bande originale poignante (composée par Alexandre Desplat), la jeune femme efface son existence de leur mémoire, pour les protéger. Son père et sa mère ont le regard vide tandis que chaque souvenir disparaît, que chaque cadre photo où elle apparaît s'estompe dans un flou, que son image s'éteint complètement. Les Dursley s'enfuient de chez eux. Ron couve d'un regard nostalgique les champs qui entourent sa maison. Sans préambule, l'ambiance nous happe.

     Le jeu des acteurs s'est beaucoup amélioré au cours des différents films. Cette fois encore, on sens un net progrès comparé au Prince de sang-mêlé : même si son personnage reste toujours à fleur de peau, Emma Watson nous propose une Hermione sincère, forte et fragile à la fois. Daniel Radcliffe est un peu laissé en arrière au début, mais il rattrape ses compères assez rapidement dans le film, surtout dans la dispute qui l'oppose à Ron. Quant à Rupert Grint, justement, c'est une remarquable performance : l'acteur prend toute son envergure, enfin drôle, mais surtout dévoilant la complexité qui se cache derrière le personnage de Ron, ses angoisses, son courage, sa grande fidélité, ses faiblesses, ses sentiments pour Hermione. Je dois dire que leur proximité amoureuse est, à mon sens, encore plus sensible dans cette adaptation que dans le livre : que dire ? Le réalisateur a trouvé la bonne tonalité.

     Peut-être aussi que cet arc sentimental était parasité par l'intrigue principale du bouquin, massive et grave. Mais dans un film, cette intrigue est forcément réduite au profit d'une visualisation qui met en valeur certains autres aspects de l'histoire. Il faut toutefois remarquer que Les reliques de la mort est probablement la meilleure adaptation de toutes. Bien sûr, le fait d'avoir coupé l'opus en deux n'y est pas pour rien, mais finalement c'est gagnant-gagnant : la production empoche le double et les spectateurs (qui ont déboursé le double, certes) ont le plaisir d'assister au déroulement de pratiquement toutes les scènes du roman. Quelques variations sont évidemment au rendez-vous, mais le respect global de l'oeuvre est étonnante. D'ailleurs, certains autres aspects secondaires de l'intrigue, comme la vie de Dumbledore, seront peut-être explorés dans la deuxième partie. Vous vous souvenez du premier film ? Quand les acteurs avaient vraiment onze ans ? Les dialogues du livre étaient parfois respectés au mot près. Et bien c'est également le cas ici, pour notre plus grande satisfaction. Je m'adresse ici aux grands adorateurs de Harry : si le passage au 12, square Grimmauld dure deux minutes seulement, si la réapparition de Dobby ne correspond pas tout à fait à l'explication de Rowling, si la fuite des "sept Potter" ne se termine pas chez les parents de Tonks mais directement chez les Weasley, l'atmosphère très bien rendue de ces scènes supplante de loin les détails scénaristiques.

 

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     La photographie des Reliques de la mort est un peu moins spectaculaire que celle du précédent film. Je me souviens encore de certaines images très fortes, très belles, dans Le Prince de sang-mêlé, qui ne sont plus vraiment là, au profit peut-être de très beaux paysages, d'une photographie plus "naturelle", moins spectaculaire mais plus majestueuse, qui retranscrit la solitude du trio, perdu dans les landes froides de Grande-Bretagne. A souligner, l'incroyable séquence d'animation qui illustre la narration du Conte de Trois Frères, en rupture totale avec tout ce qu'a été Harry Potter jusque là, et qui n'en est que plus percutante. Une réalisation performante qui mêle action, suspens, et scènes poignantes, comme celle de la "danse sous la tente" après le départ de Ron : je n'en dirai pas plus, on aime ou on déteste, mais il faut voir. Il faut aussi noter un humour plus frais, plus fin que dans les films précédents, plus nostalgique aussi : on sent que les personnages cherchent à recréer les bribes d'une jeunesse perdue et, en conséquence, qu'ils sont projetés dans un monde plus adulte et très (TRES) violent. Il n'y aura pas une image de Poudlard dans ce film. Tous les rouages de David Yates ont mené jusque-là : nous ne sommes plus à l'école et, pour reprendre les paroles de Harry dans L'Ordre du phénix:

 

"Si on échoue à l'école, ce n'est pas grave, vous allez dormir et vous réessayez le lendemain. Mais dans le monde réel, vous mourez, vous voyez vos amis mourir."

 

    Pour conclure, je ne saurais que trop vous conseiller d'aller voir ce début de la fin, même à vous, fans de première heure. David Yates et son équipe sont parvenus à retranscrire un drame étonnant de sincérité, à mon goût, ce qui est d'autant plus difficile que l'on évolue dans le domaine ambigu du fantastique. Assimilant le livre avec beaucoup de justesse, on perçoit néanmoins la touche subtile du réalisateur comme des acteurs, après les diverses hésitations des films précédents. C'est une English touch qui scintille au dessus des blockbuster hollywoodiens de base.

 

Devant ce film, j'ai aimé grignoter : des rouleaux de réglisse. So dark...

Je l'ai vu avec : une bonne copine, cramponnée à mon bras aux moments de suspens.

Mon état d'esprit en sortant : à votre avis ?...Hystérie totale en attendant la suite.

Publié dans Cinéma

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J
<br /> Très bel article !<br /> Comme toi j'ai vraiment bien aimé de volet, étant un grand admirateur des livres.<br /> Vivement la suite, qui promet d'être explosive !<br /> <br /> <br />
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